Pour les fournisseurs financiers, les programmes de KYC ou de connaissance client représentent une charge de travail additionnelle, car ils impliquent de collecter des données personnelles pendant et après l’accueil de nouveaux clients. Robert Harreman nous explique comment une approche moderne et intégrée peut rendre la gestion de la connaissance client plus sûre, plus efficace et plus utile.
Il est important de connaître son client. Plus vous disposez d’informations, mieux vous pouvez adapter vos services et produits à la demande. Cette remarque s’applique à pratiquement tous les secteurs, mais surtout à celui de la banque et de la finance.
Les banques, les organismes de crédit et les assureurs ont en effet un devoir de vigilance, afin de proposer à leurs clients des produits adaptés à leur situation. De plus, ils doivent également limiter leurs risques, en écartant la possibilité que leurs clients ne soient pas en mesure de faire face à leurs obligations à long terme, ou pire encore, qu’ils ne soit pas fiables.
Au cours de la dernière décennie, les régulateurs ont commencé à imposer des exigences de plus en plus strictes quant à l’onboarding des clients et aux contrôles ultérieurs à mener de façon régulière (ce que l’on appelle la vigilance continue ou ongoing due diligence en anglais).
Pour le prestataire de services financiers comme pour les clients eux-mêmes, l’ensemble de la collecte et des vérifications d’informations représente une quantité de travail considérable. Il est donc devenu plus que nécessaire d’adopter des approches plus efficaces. Heureusement, c’est possible, en utilisant intelligemment les tous derniers outils et les technologies les plus avancées.
La loi anti-blanchiment
Les prestataires de services financiers ont le devoir de vérifier que leurs clients sont toujours aussi fiables que lors de leur onboarding. Les autorités de contrôle attirent de plus en plus l’attention des banques et organismes de crédit sur cette obligation, en vérifiant qu’ils respectent bien la législation anti-blanchiment.
La loi anti-blanchiment ou loi LBC vise ainsi à garantir que les prestataires de services financiers contrôlent en continue la situation de leurs clients, afin de détecter, voire de prévenir, plus rapidement la fraude et le terrorisme.
C’est évidemment une bonne idée, mais dans la pratique, ce suivi et ces mises à jour s’avèrent complexe à réaliser. Ce n’est pas seulement une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le crime organisé et le terrorisme : le non-respect de la législation anti-blanchiment peut entraîner des amendes très élevées et une atteinte à la réputation des institutions bancaires. Cela a été le cas pour un certain nombre de banques internationales ces dernières années.
Programmes de connaissance client
La pression des autorités de contrôle conduit les fournisseurs financiers à consacrer beaucoup de temps à la mise en place de programmes de connaissance client (KYC). Ce principe de KYC est également connu sous le nom de vigilance à l’égard de la clientèle (CDD) et fait référence aux mesures prises par les prestataires de services financiers pour établir l’identité d’un client, comprendre la nature de ses activités et évaluer les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
À cette fin, les banques et les organismes de crédit consacrent des ressources importantes pour établir l’identité des clients, souvent manuellement, et pour détecter d’éventuelles transactions frauduleuses. Cela se fait d’abord lors de l’onboarding, puis périodiquement.
Deux objections et une occasion manquée
Les programmes KYC actuels présentent deux inconvénients majeurs. Tout d’abord, ils sont tout sauf efficaces. Une grande partie du travail est effectuée manuellement et de manière fragmentée, ce qui signifie que les contrôles prennent beaucoup de temps et que les intérêts du client ne sont pas primordiaux.
Le deuxième problème est celui de la confidentialité. Par exemple, lors du transfert d’informations personnelles, des données qui ne sont pas pertinentes pour le fournisseur financier sont souvent partagées, car elles sont reprises dans le même document que les informations demandées. Pour éviter cela, les clients devraient protéger une partie des données, ce qui, en pratique, signifierait qu’ils doivent parcourir leurs documents et les caviarder.
En plus de ces deux objections, l’approche actuelle de KYC crée également une opportunité manquée. En effet, une bonne gestion de la clientèle doit aller bien au-delà du simple cadre juridique. Il est tout aussi important d’entretenir les relations avec un client et de déterminer si les produits souscrits lui conviennent toujours. Un prêt personnel, par exemple, est-il toujours adapté au revenu ? Ou bien l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille modifie-t-elle les besoins en matière de logement ? Si les banques et les organismes de crédit se montrent proactifs face à ce type de changements, ils peuvent prendre contact plus tôt avec le client et proposer un produit mieux adapté au moment voulu. De cette manière, ils respectent le devoir de vigilance, créent des opportunités de vente additionnelle et améliorent leurs relations avec les clients.
Comment faire ? Procédure de contrôle périodique
Une connaissance fine des clients doit permettre de déterminer assez tôt et de manière intégrée si le produit est adapté à la situation du client et si celui-ci satisfait toujours aux exigences légales. En d’autres termes, il est possible d’adopter une stratégie unique de KYC, de vigilance et d’adéquation du produit.
À cette fin, il peut être convenu avec le client qu’il partage périodiquement un ensemble limité de données à caractère personnel, sur la base duquel le prestataire de services financiers peut s’assurer que sa connaissance du client est bien à jour. Cet ensemble limité de données correspondrait à des informations sur l’adresse, les revenus, l’employeur, la situation familiale et les changements importants dans le patrimoine et le niveau d’endettement. En utilisant des sources de données fiables, ces informations sont faciles à fournir pour le client et peuvent être automatisées par le prestataire de services financiers.
Ainsi, le KYC, habituellement chronophage se transforme en procédure automatisée de contrôle régulier, qui s’avère simplifiée, efficace et sûre. La condition préalable, bien sûr, est que cela soit réalisé au moyen de processus et d’outils fiables et efficaces. Une fois que tout est mis en place, vous faites d’une pierre deux coups : vous éliminez les risques tout en améliorant vos relations avec les clients.